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La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation ne sera facile pour personne

Melissa Ridgen avec son fils

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MELISSA RIDGEN
Pour La Guilde canadienne des médias/SCA Canada

Cette première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation sera forcément exigeante pour tout le monde.

Alors que notre pays s’arrête le temps d’une journée (le 30 septembre) pour baisser la tête face à son passé, les survivants des pensionnats pour Autochtones, leurs familles et les collectivités touchés par le traumatisme de cet héritage ressentent une vieille douleur familière. Les Canadiens non-autochtones quant à eux pourraient ressentir un sentiment nouveau et inconnu de honte à l’heure où nous faisons face à l’histoire de notre cher pays avec ses Premières Nations.

Cet été, lorsqu’on a découvert des tombes anonymes d’enfants près des sites de plusieurs anciens pensionnats pour Autochtones, c’était la première fois que de nombreux Canadiens se trouvaient confrontés à cette vérité. Les peuples autochtones sont au courant de ces décès non enregistrés depuis toujours, mais cela n’a pas allégé leur douleur lorsqu’ils regardaient les autres découvrir cette réalité.

Le rapport final de 2015 de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) contient un volume complet qui avertit les Canadiens de l’existence de milliers de ces tombes. Par conséquent, les événements de 2021 n’auraient dû surprendre personne. Il est particulièrement dur de se rendre compte que de nombreux Canadiens croyaient simplement que la CVR avait pour but d’indemniser les survivants, ne comprenant pas l’ampleur du travail très pénible qui a été effectué dans le cadre de cet exercice.

Il ne sert à rien de déplorer que les Canadiens n’aient pas accordé une plus grande attention au contenu de ce rapport final et mieux compris la vérité sur les pensionnats pour Autochtones. De 1831 jusqu’à la fermeture du dernier pensionnat en 1996, 150 000 enfants des Premières Nations, Inuits et Métis ont été placés dans 140 pensionnats conçus pour « tuer l’Indien dans l’enfant ». L’objectif en était d’effacer une culture, de détruire les structures familiales et les liens communautaires. Et en plus de tout cela, bon nombre de ces enfants ont été agressés physiquement et sexuellement dans ces « pensionnats ».

Si vous lisez la définition du terme « génocide » que fournit l’Organisation des Nations Unies, vous constaterez que notre pays en a coché toutes les cases. Voilà une nouvelle assez atroce à accepter.

Mais avec une plus large compréhension de cette vérité, nous pouvons envisager la réconciliation et le rôle que nous avons tous à jouer. Voilà la nouvelle réjouissante.

Il ne s’agit pas seulement de porter un chandail orange, mais de comprendre que les séquelles des pensionnats pour Autochtones ne sont pas chose du passé – elles perdurent.

Elles subsistent dans le système patriarcal de la Loi sur les Indiens que le Canada a infligé aux Premières Nations. Elles perdurent dans la violation des traités. Elles perdurent dans la surreprésentation des Autochtones dans les prisons et dans le nombre disproportionné de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées. Elles perdurent dans le racisme systémique et dans le système de protection de l’enfance.

Ces dernières années, en tant que journaliste, j’ai en effet consacré une grande partie de mon temps à cette industrie de plusieurs millions de dollars qui, croyais-je, n’existait que pour protéger les enfants contre la négligence et les mauvais traitements. La vérité, c’est qu’il y a aujourd’hui plus d’enfants sous la garde du gouvernement qu’à l’apogée des pensionnats pour Autochtones et que bon nombre d’entre eux ne sont ni des enfants maltraités ni négligés. La protection de l’enfance n’est que la nouvelle façon de détruire les familles autochtones tout en fournissant un emploi à un très grand nombre de personnes. Voler des enfants autochtones, c’est toute une économie.

Un aspect de la réconciliation consiste à voir ce qui se passe autour de nous et à démanteler ces systèmes.

Alors, demain, quand vous porterez votre chandail orange, je vous demande de lire ne serait-ce qu’un de ces trois documents :

Le travail d’enquête effectué par APTN sur le système de protection de l’enfance : https://www.aptnnews.ca/topic/child-welfare (en anglais)

Les 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation : https://publications.gc.ca/collections/collection_2015/trc/IR4-8-2015-fra.pdf

Les 231 appels à la justice de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées : https://www.mmiwg-ffada.ca/wp-content/uploads/2019/06/Les-appels-%C3%A0-la-justice.pdf

Melissa Ridgen est présentatrice et réalisatrice à APTN National News, journaliste primée, mère d’un incroyable enfant de 11 ans et fière Métisse de la rivière Rouge.

La Guilde canadienne des médias / SCA Canada représente des membres du personnel du Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN).

 

 

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